lundi 25 juin 2018

Partir à la cueillette d'un peu de paix

La saison des framboises bat son plein dans le jardin. Les groseilles murissent tranquillement, tandis que les cerises rougissent timidement au soleil discret de ces derniers jours.

J'aime partir à la cueillette le matin, à l’heure où les oiseaux qui se souhaitent le bonjour sont les seuls encore à troubler la quiétude matinale ; sentir la rosée me rafraichir les pieds et mouiller mes chaussettes.

J’aime, une fois rentrée, contempler le panier rempli de ces fruits que la nature a produits sans notre demande, sans notre autorisation, sans notre aide, nous offrant ces dons merveilleux.

J’aime me concentrer pour, délicatement, séparer la framboise de son réceptacle, sans l'abîmer, sans l'écraser, sans perdre une seule drupéole. Ce travail me permet de m'échapper de mes migraines et de vaincre mes peurs, l’instant de quelques minutes. Mais que ces dernières me sont précieuses ; un moment suspendu où tout va bien, où je ne me pose pas de questions, où la simple mécanique de ces gestes précis me satisfait, me comble.

Debout dans la cuisine, face au panier, je ne sais plus quoi faire de mes trésors roses. Je pourrais tout manger, c'est certain, mais je n'en ai pas envie car il n'y aurait plus de trace, plus de preuve de la récolte, de mon travail silencieux.

Le premier a gouté au fruit de mon labeur est Albert le lapin. Je lui donne toujours une petite framboise bien mûre. Je pourrais passer mes journées à le regarder manger : les deux pattes avant dans sa gamelle en osier, vigilant, son œil averti veillant à ne rien perdre, à ce que même le plus petit bout de feuille termine sous ses dents. Putain que je l'aime, cette boule de poils !

Après avoir fait sécher mes chaussettes par-dessus les chaussons de jardin, me voilà à me déplacer pieds nu, au désespoir de ma famille. Pour me réchauffer, je me verse une tasse de café au lait, et lave quelques fruits glanés.

Pendant mon déjeuner, mon attention se partage entre une série choisie avec soin et les crapahutages d'Albert le lapin.

Mais déjà le calme me quitte et les doutes, inquiétudes qui m'avaient quittée me reviennent alors. 

De la sérénité matinale, il ne me reste qu'un panier à demi plein de fruits blets.

Ce matin, j'étais partie à la cueillette d'un peu de paix.





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Merci à mon ami C. de m'avoir aider !